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28 septembre 2012

L’ORIGINE DE TOUT CELA: LA PHILOSOPHIE ANCIENNE

Athenee melancoliqueAthénée mélancolique              Photo: Jorge Ignacio Roldán

 

AMPARO PÁRAMO CARMONA

Diplomée en Philosophie

 

L’apparition de la pensée philosophique, cet événement à la fois si surprenant et difficile à expliquer, d’après Bertrand Russell, apporte une nouvelle vision de la réalité qui s’efforce  d’éliminer les supposés irrationnels du mythe, car elle est une critique de la sagesse populaire.

            Même s’il n’est pas possible de déterminer de façon précise quelles étaient les circonstances du peuple grec  pour que commence (et non à un autre endroit et moment) ce qu’on appelle la civilisation occidentale, il est clair que quelque chose  a dû s’y passer là-baset qui a rendu possible cette floraison,  d’une manière si rapide, de la culture et de la connaissance.

            Le mythe rend impossible l’existence de la science, car les lois n’existent pas, sinon l’arbitraire. L’objectif de la Philosophie est de critiquer cette arbitraire et de rendre possible l’apparition, en s’opposant à ce qui est expliqué précédemment,  de l’idée de nécessité rationnelle, c’est-à-dire, le logos.

            Le langage rationnel logique a deux caractéristiques intrinsèques. La première d’entre elles est la recherche de la permanence de l’essence, que les anciens grecs appelaient eidos. On recherche la permanence face au changeant, les choses qu’on aperçoit à travers des organes des sens externes. Il s’agit de l’unité face à la multiplicité, qui est l’origine de l’apparition de la dualité classique raison/sens, début de la pensée qui affirme que connaître les choses est aussi connaître ce qu’elles sont vraiment. Mais pour cela, les sens externes ne sont pas suffisants.

            Nous sommes devant la surprise produite par une découverte : les choses sont d’une certaine façon ; néanmoins, elles peuvent cesser d’être ainsi pour devenir d’autres choses différentes, lesquelles se renouvelleront pour apparaître sous une autre forme : de la semence pousse l’arbre, de l’arbre les fruits…

Ces changements posent le problème de la transition de l’unité à la multiplicité. Pour élucider cette difficulté, la raison doit structurer le monde, faisant un tout cohérent et rationnel.

La deuxième des caractéristiques citées est la question par l’arkhé, le premier principe à partir duquel toutes les choses sont faites, qui devient la question radicale, l’axe de toute interrogation sur l’origine. D’où vient tout ce qui existe? Quelle est la force qui engendre les choses ? Qu’est-ce qui fait que certaines choses naissent et d’autres périssent?

Ce principe, qui est présent dans tous les changements est unique, car la multiplicité est représentée par les choses qui changent et l’unité par le principe qui est l’origine des dits changements.

Les premiers philosophes grecs ont donc une double raison de réfléchir : la nature et l’arkhé dernier et éternel duquel tout provient et duquel tout est composé. Néanmoins, c’est avec les systèmes de Socrates et les Sophistes, au Vème siècle avant Jésus-Christ, que l’axe central de la pensée grecque va changer : l’homme va occuper un lieu de privilège qui devient, en paraphrasant  Protagoras de Abdère, la mesure de toutes les choses.

Les écrits des initiateurs de la pensée rationnelle qui sont arrivés à nous ont un caractère fragmentaire et leur interprétation est très difficile. Mais nous pouvons les regrouper en deux tendances : la tradition scientifique ionienne, probablement inspirée de la science égyptienne et mésopotamienne qui remplace les représentations anthropomorphes des mythes par des éléments naturels, et la tradition mystique italique, à tendance métaphysique et religieuse, qui présente  l’influence du mouvement orphique, inspiré par le mythe d’Orphée et selon lequel l’homme possède un double aspect dionysiaque et titanesque.

La figure d’Orphée est à la fois obscure et intéressante. Certains historiens pensent qu’il s’agit d’un personnage réel, tandis que d’autres croient qu’il était un dieu de la mythologie ou un héros imaginaire. Dans tous les cas, et quelle que soit la version qui nous semble être la véritable, ce qu’il y a de certain c’est que les orphiques ont cru à la transmigration des âmes et, d’ailleurs, sur quelques tombes, on a retrouvé des planchettes sur lesquelles étaient données des instructions à l’âme du mort pour qu’elle sache comment trouver le chemin pour aller vers l’autre monde et ce qu’elle devait faire après y être arrivé pour mériter la salvation.

Il est bien certain qu’il s’agissait d’une secte qui recherchait le savoir mystique. Cet élément de mysticisme est arrivé dans la philosophie grecque avec Pythagore qui fut réformateur de l’orphisme. D’après leur système, l’orphisme arrive dans la philosophie platonicienne mais aussi dans la plupart de la philosophie ultérieure qui a un caractère religieux.

Les orphiques, contrairement à ce qu’avaient fait les prêtres des cultes Olympiques, ont fondé ce que nous appellerions « églises », des communautés auxquelles tout le monde, et cela est très important, sans distinction d’ethnie ou de sexe, pouvait être admis, une fois la période initiatique dépassée. De leur influence émerge l’idée de la philosophie comme façon de vivre.

On connait la philosophie de cette époque sous le nom de Préattique ou présocratique, et elle comprend la période située, environ entre 600 et 450 avant J.C. Elle commence à Milet et Éphèse (Asie Mineure) et son influence arrive jusqu’à Athènes. Elle nait, donc, dans les domaines marginaux de la culture grecque et se compose de quatre écoles qui, selon leurs intérêts spéculatifs ou leur localisation géographique, reçoivent les noms suivants : les Anciens Physiciens ou École Ionienne (Milet et Éphèse), les Pythagoriciens (Sud de l’Italie), les Éléates (Sud de l’Italie) et les Physiciens Récents (Sicile et Abdère).

L’influence des penseurs qui forment ces écoles est si grande que, même s’il s’agit de l’école Attique, postérieure dans le temps (environ 450-300 avant J. C.) et dont le siège était Athènes, c’est celle qui a obtenu une importance majeure, la stèle des présocratiques qui est arrivée jusqu’à nos jours. En fait, la spéculation de ce groupe de philosophes contient le germe d’événements que la tradition postérieure reprendra, mais qui ne pourront pas se défaire de leur inspiration grecque. Parmi ces événements, on trouve la recherche sur l’arkhé, un élément qui peut être ou bien naturel ou bien indéterminé, et qui va favoriser la découverte des lois de la nature, qui régissent le devenir universel.

Les explications précédentes constituent le vrai principe explicatif de l’univers et c’est celui qui est spécialement contenu dans les fragments que nous avons reçu de Héraclite et que l’on verra plus tard.

Aussi, apparait à cette période la spéculation mathématique dont l’école pythagoricienne est le meilleur exposant. Les pythagoriciens ont fait l’apport d’une chose qui représente une valeur permanente pour la pensée abstraite : la découverte des mathématiques et de l’art du raisonnement par déduction. La géométrie, est précisément une invention grecque.

Concernant  l’astronomie, la recherche de l’harmonie du cosmos conduit les grecs à donner à l’homme et à la terre un environnement plus humble que celui du « centre de l’univers ». Mais le premier essai d’explication est anthropomorphique et les problèmes du cosmos sont conçus comme des problèmes humains et leurs éléments sont personnifiés comme si la réflexion sur ce qui est humain avait précédé  celle sur l’origine du monde et les dieux. Ces premiers essais d’explication de l’univers, confondus avec les mythes, se retrouvent dans les premières manifestations littéraires, par exemple le cas de la narration du mythe de Prométhée qui est le symbole de l’apparition de la raison et de l’art parmi le peuple grec.

Quant à la physique, c’est l’atomisme qui apparaît, la théorie des quatre éléments, l’idée d’espace vide, l’idée du mouvement.  Enfin, des notions basiques de la science de toutes les époques. Sur le terrain de la spéculation, c’est la première fois que nous retrouvons la recherche libre et autonome, qui est reflétée dans l’étude de la morale, de la nature de l’âme, de la religion, voire de l’histoire.

Mais les idées de liberté, de loi et de démocratie appartiennent aussi à cette période. Pour les grecs, les lois sont de deux types : nomoi ou lois écrites, faites pour les hommes, et tesmoi ou des lois non écrites, d’origine divine. Ce sont les philosophes qui sont chargés d’éclaircir à jamais l’opposition entre la physis (la nature) et le nomos (la loi). C’est pour cette raison que le caractère universel et permanent de la loi naturelle s’oppose à ce qui est conventionnel et relatif aux lois humaines. Cette convention atteint aussi le plan de la morale car elle manque d’unanimité pour déterminer ce qui est bon et ce qui est juste.

La fidélité à la cité-état, qui donne la cohésion à la société, est une autre des « inventions » grecques, même si l’opposition entre la liberté individuelle et les devoirs avec l’état était différente d’une cité à l’autre (il est très difficile d’établir des parallélismes entre Sparte et Athènes, par exemple). Et dans ce point, il faut détacher le rôle que joue l’apparition de la figure du dirigeant politique, qui va se profiler pendant ce que l’on appelle le « Grand Siècle de Périclès », mais que l’on trouve en embryon dans cette période, ainsi que la critique de l’idée traditionnelle de polis. Néanmoins, on ne peut pas comprendre tout cela si on oublie la place qu’occupe le concept de justice, l’une des croyances les plus profondes des grecs.

L’idée de justice, aussi bien humaine que cosmique, n’est pas facile à comprendre si tout d’abord on ne comprend pas la mentalité des grecs de cette période historique. Il s’agit de ne pas dépasser les limites fixées éternellement et c’est pour cela que les dieux devaient se soumettre à la justice, de la même façon qui le font les hommes.

Nous avons parlé précédemment de Périclès et de l’apparition de la figure du dirigeant politique et il faut se rappeler que cet événement est accompagné d’une innovation fondamentale en matière sociale : désormais, le lignage ne suffit pas pour gouverner. Au contraire, il faut être un bon orateur et connaître les lois de la cité et l’administration de l’état. Ce type de dexterités arrivera au niveau d’excellence grâce à l’enseignement des sophistes, contemporains de Socrate mais considerés présocratiques par plusieurs auteurs. Ces derniers, éducateurs salariés, métèques cultes et connaisseurs des usages et des habitudes sociaux, vont développer les disciplines humanistes mais aussi l’oratoire tout en faisant une défense sans défaut du panhellénisme. Cette défense suppose la fin du concept de « politès » dont la place va être remplacée par celui de « cosmopolitès », le citoyen du monde.

Les spéculations des premiers représentants de l’École des Anciens Physiciens, c’est-à-dire, l’origine de la philosophie, doivent être considérées comme des hypothèses scientifiques presque sans pollution d’idées morales ou d’intérêts liés aux hommes. Cependant, les problèmes qu’ils ont établi étaient très importants et leur vigueur a inspiré les chercheurs postérieurs.Dans ce groupe, situé à Milet et à Éphèse, nous trouvons celui qui, d’après tous les témoignages, est l’iniciateur de la pensée rationnelle, qu’Aristote appelait « père de la Philosophie » et qui a été le premier à s’interroger sur l’existence d’un principe qui peut expliquer toutes les choses. C’est Thalès de Milet, que nous pouvons situer chronologiquement parce qu’il a prédit une éclipse solaire qui a eu lieu en 585 avant Jésus-Christ. D’après Aristote, Thalès pensait que l’eau était l’arkhé ou principe originel à partir duquel tous les autres ont été formés. Thalès aussi soutenait que la terre s’appuyait sur l’eau.

Aristote, dans son œuvre « Politique » nous raconte que les contemporains de Thalès lui reprochaient leur pauvreté, ce qui démontrait que la philosophie ne servait à rien. Mais le philosophe a prouvé son ingéniosité en profitant de la connaissance qu’il possédait des étoiles pour savoir qu’il y aurait une grande récolte d’olives l’année suivante. C’est pour cette raison qu’il a loué à bas prix tous les moulins d’olives de Chios et de Milet. Quand le temps de la récolte est arrivé, les gens avaient besoin de beaucoup de moulins. Thalès les a loué au prix qu’il voulait et il a gagné beaucoup d’argent. Ainsi, il démontra que les philosophes pouvaient enrichir très facilement s’ils le voulaient, mais son intérêt était autre.

Quant à Anaximandre,      le philosophe le plus talentueux de cette école, l’idée centrale de son système est que les choses de ce monde ne peuvent pas s’expliquer par une matière existant et il faut admettre une matière antérieure à toutes les choses qui apparaissent. Anaximandre l’appelle ápeiron, l’indéfini, et elle est infinie, éternelle, sans âge et enveloppe tous les mondes (Anaximandre pensait que notre monde était seulement un parmi beaucoup d’autres). Ce philosophe est plein de curiosité scientifique et il est très original dans ses affirmations. Par exemple, il a été le premier à faire une carte géographique.

Anaximène, le dernier de la triade affirma que la substance fondamental c’est l’air et que tout émerge à partir de l’air, par des mouvements de raréfaction et de condensation. Même s’il n’est pas le plus important du group, son système a eu une grande influence sur Pythagore et aussi sur la philosophie postérieure.

Le grand progrès que suppose l’école ionienne par rapport à la pensée antérieure, entrecroisée de mythes est que toutes les affirmations nous permettent de déduire que ce qui est latent n’est pas une question physique, sinon métaphysique, dont le fondement est l’affirmation que les êtres ont leur justification rationnelle à un principe unitaire. Si la réponse à cette affirmation est physique, c’est seulement parce que leur niveau de recherche ne leur permettra pas d’arriver plus loin malgré leurs surprenants énoncés. Cependant, la première impulsion rationnelle à la philosophie est déjà donnée.

            Par rapport à l’école d’Éphèse il nous faut dire que ce qu’elle a initié est plus important que ce qu’elle a achevé. Elle est née du contact de l’esprit grec avec Babylone et l’Egypte et grâce à cela, les préjugés et les superstitions primitives étaient atténués par le contact avec d’autres peuples. Mais elle assume aussi les énoncés de l’école ionienne, même si elle le fait de façon antithétique.

            Le représentant de l’École d’Éphèse, Héraclite, a une répercussion postérieure énorme : il influe sur le christianisme (le thème du caractère transitoire du monde), sur Hegel (quand il parle de l’être comme devenir), sur le marxisme (le matérialisme dialectique), sur Goethe (particulièrement son idée de la souffrance), sur Nietzsche, Bergson, les existentialistes et la physique moderne. On conserve de son œuvre de brefs et énigmatiques fragments. En fait, on l’appelle skoitenós (l’obscur) et lui-même déposa son livre intitulé « sur la nature » sur l’autel d’Artémis pour laisser entendre qu’il écrivait pour les dieux.

            Leur acmé est situé en 500 avant Jésus-Christ.

            Héraclite n’appartenait pas à la tradition scientifique ionienne, mais il était un mystique. Il affirme que le feu est l’élément primordial, a partir duquel toutes les choses ont été formées. Il affirme aussi que l’âme est un mélange d‘eau et de feu. Selon lui, le feu est noble et l’eau ignoble et c’est pour cela qu’il pense que s’humecter est la mort de l’âme.

            Notre philosophe apprécie le pouvoir obtenu par lamaîtrise de soi et à cause de cela il méprise les passions qui distraient  l’homme de leurs ambitions centrales.

            La doctrine affirmant que tout est en devenir permanent est l’idée la plus connue d’Héraclite et la plus aimée de ses disciples. Par exemple, on trouve dans son œuvre des fragments disant « Nous ne nous baignons pas deux fois dans le même fleuve, parce que les eaux coulent toujours sur toi » ou bien « le soleil est nouveau chaque jour ». Mais il y a chez Héraclite d’autres idées aussi très importantes : la lutte des contraires (« les hommes ne savent pas comment le discordant s’accorde avec soi-même : accord de tensions inverses, comme dans l’arc et la lyre ». Ou bien « Polêmon, la guerre, est le père de tous les êtres, le roi de tous les êtres. Aux uns il a donné formes de dieux, aux autres d’hommes ») ou l’harmonie dynamique de l’univers (en fait, il recherche l’ordre et l’intelligible du réel non dans ses aspects statiques, sinon dans le dynamisme, non dans l’identité sinon dans la contradiction – la lutte des contraires-). Héraclite fut l’initiateur de la dialectique.

            La période suivante de la Philosophie grecque, se trouve au Sud de l’Italie. Son caractère est plus religieux et particulièrement plus orphique. Cela signifie, d’un côté, que son esprit est moins scientifique que celui des auteurs de l’école antérieure et d’un autre côté qu’il s’agit d’une pensée plus intéressante. On parle des pythagoriciens, dont le fondateur, Pythagore de Samos crée à Crotone où il avait été expatrié par Policrates la « Ligue Pythagoricienne », communauté d’hommes et de femmes de sang grec. Il s’agit d’une secte à caractère religieux, et pour y entrer une sélection très rigoureuse était nécessaire.

            Pour appartenir à la secte, l’aspirant devait garder les normes suivantes : célibat, années de silence, examen quotidien de conscience, habit simple en lin, abstention de manger de la viande, de boire du vin, de manger des œufs et des fèves et garder fidélité aux membres de la Ligue même si sa propre vie était en danger. Cependant, la nouveauté la plus intéressante est l’existence de femmes et d’esclaves dans la Ligue.

            La société fondée par Pythagore avait la propriété partagé des biens et aussi les membres vivaient en communauté. Même les découvertes scientifiques et mathématiques furent considérées collectives et d’une façon mystique attribuées à Pythagore, même après sa mort.

            Il y a deux points fondamentaux de la doctrine pythagoricienne : la transmigration des âmes et la théorie des numéros.

            Par rapport au premier point, on est en présence de contenus d’origine orphique qui constituent la doctrine principale pythagoricienne sans laquelle il est impossible de comprendre les autres aspects. L’aspect fondamental de la doctrine de la transmigration des âmes affirme que l’âme humaine est une émanation du divin et c’est pour cette raison que sa nature est immortelle. Maintenant, elle se trouve dans le corps comme un châtiement par une faute antérieure et après la mort elle devra passer par d’autres corps d’hommes et d’animaux jusqu’au son retour, déjà purifiée, au divin. Après un certain cycle, le retour de toutes les choses s’accomplit. On trouve cette idée postérieurement chez Platon et sa théorisation sur l’âme.

            Quant au deuxième point, la théorie des numéros, est la conséquence de sa recherche sur l’arkhé, mais pas dans le monde, sinon dans l’ordre cosmique divin comme une façon de libération de la sensibilité. Toutes les choses sont composées de numéros, affirment les pythagoriciens, et c’est pour cela que les mathématiques, comme un argument déductif-démonstratif, commence avec eux.

            La troisième des écoles de cette période, l’éléatique, dont leurs principaux représentants sont Xénophane de Colophon, Parménide d’Élée (le philosophe le plus important de l’école), Zénon d’Élée et Mélissos de Samos, est aussi située dans le Sud de l’Italie, concrètement à Élée

            Habituellement, l’École Éléatique est présentée comme antithétique de l’École Ionienne et plus particulièrement face à la position d’Héraclite mais ce n’est pas totalement certain, car il existe une différence initiale et fondamentale : la perspective différente où ils sont situés. C’est précisément parce qu’ils sont différents qu’ils ne sont pas incompatibles.

            Xénophane, qui expose sa doctrine sous forme de poèmes, nous offre trois affirmations fondamentales : il existe seulement un dieu (c’est la première fois que cela se dit. En plus, Xénophane élimine l’aspect anthropologique de la religion grecque et dote son dieu de toutes les perfections) ; dieu est immobile (on trouve ici la première annonce de ce qu’Aristote appela « moteur immobile ») et, finalement, il affirme que la vraie formation est la sagesse et son idéal est la modération.

            Mais c’est Parménide qui commence la recherche de quelque chose qui se soit pas soumis à l’empire du temps. Contrairement à Héraclite, qui affirmait que tout était en permanant devenir, pour Parménide le changement n’existe pas.

            Nous connaissons seulement une œuvre de Parménide, le « Poème », dans lequel il parle de la nature et selon lui, les sens constituent les sources de l’erreur, simple illusion.

            Le « Poème » est divisé en deux parties : la voie de la vérité (Parménide y affirme que l’être est et que le non-être n’est pas. Que l’être est, c’est si évident qu’il n’y a pas besoin de démonstration. Il n’est pas possible de penser que l’être n’est pas, car d’après Parménide penser et être sont la même chose. Le néant n’est pas et voire, il ne peut pas être pensé) et la voie de l’opinion (le monde de l’apparence, opposée à la vérité, mais qui rend possible la connaissance car en s’appuyant sur le physique on découvre le métaphysique).

            L’être est, donc, immuable. Contre la philosophie d’Héraclite, Parménide rejette tout devenir et disparaître : l’être ne peut pas devenir, car s’il est, il n’a pas besoin de se faire. Du néant ne peut non plus jaillir quelque chose, car rien n’en naît. Parménide nie le mouvement car exige le vide et un tel vide n’est rien et par conséquent il n’existe pas.

            La conclusion est qu’il y a un seul être, unique, indivisible, égal et éternel, qui a la forme d’une sphère (la figure parfaite pour les grecs) car elle n’a pas d’arêtes. Platon reprendra plus tard ces caractéristiques pour les appliquer aux idées.

            Le système de Parménide constitue le premier modèle en Philosophie d’une argumentation sur la pensée et le langage par rapport au monde. La Philosophie postérieure va reprendre de ce philosophe non pas l’impossibilité du changement (un paradoxe excessivement évident), sinon l’indestructibilité de la substance.

 

Son disciple, Zénon d’Élée,  qu’Aristote considère le « père de la dialectique », a consacré son œuvre à la démonstration des thèses de son maître. Pour faire cela, il fit une série d’apories pour essayer de démontrer que le mouvement n’existe pas. Parmi elles, l’aporie d’Achilles aux pieds légers (la plus connue d’entre elles), celle de la flèche et  celle des coureurs dans le stade, avec lesquelles Zénon pose la question du calcul infinitésimal et aussi l’esquisse de la théorie d’Einstein à propos de la validité relative de la mesure du temps.

            Le dernier représentant de l’École l’Élée est Mélissos de Samos, appelé « Le consommateur ». Mélissos s’est consacré à l’élimination des thèses de Parménide et de Zénon de tout ce qui est insoutenable. À cause de cela, l’être cesse d’être une sphère (c'est-à-dire, une figure géométrique et par conséquent limitée) pour devenir l’illimité. D’ailleurs, il est inconnaissable, car notre connaissance est seulement apparence de l’être et non l’être en soi.

            L’École Éléatique rejette la mutabilité naturelle des choses qui est observable par les sens comme une chose irrationnelle, car la mutabilité est toujours le manque d’être et seulement l’être est rationnel, c'est-à-dire,  lui seul peut être pensé. L’être comme substance seule et unique devient le principe métaphysique capable de donner de la cohérence rationnelle à une réalité qui, d’autre part, est éloignée du témoignage des sens. La raison est ce qui détermine comment est l’être et non l’observation directe des choses. Avec tout cela  l’initiation de la métaphysique dans la culture Occidental se produit.

            L’autre grande école de cette période que nous appelons Philosophie Ancienne, les Physiciens récents, originaires ou établis en Sicile et Abdère, essaient de trouver une voie qui concilie le changement et l’immobilité, c'est-à-dire, un chemin intermédiaire entre Héraclite et Parménide. Les plus importants d’entre eux sont Empédocle d’Agrigente, Anaxagore de Clazomènes et Démocrite d’Abdère. Tous les trois veulent expliquer la réalité à travers d’une pluralité d’éléments en cohésion par des principes dynamiques.

            L’originalité d’Empédocle est son exposition de la doctrine des quatre éléments et l’emploi de deux principes, l’Amour et la Lutte, pour expliquer le changement. Empédocle a aussi rejeté le monisme et il pense que la Nature n’est pas réglementée sinon que le hasard et la nécessité existent et non pas un plan. À ce sujet son système philosophique est plus scientifique que ceux de Parménide, Platon et Aristote, même si on trouve quelques fois des superstitions, spécialement en matière de religion.

            Sa contribution à la science a été d’une très grande valeur car il a découvert que l’air était une substance à part. Aussi, il est le fondateur de l’école Italique de médecine. Son système a eu une grande influence chez Aristote, particulièrement en ce qui concerne l’établissement des quatre éléments (terre, eau, air et feu) tous durables mais qui pouvaient se mélanger dans différentes proportions et ainsi produire les substances complexes qui changent et qu’on trouve dans le monde. Grâce à l’Amour les substances s’assemblent (se fusionnent) et à cause de la Lutte, elles se séparent. Dans ce point, on voit une certaine analogie avec Héraclite, mais il s’agit d’une analogie très faible, car ce n’est pas la Lutte seule, sinon qu’elle a besoin de l’Amour pour produire le changement.

            Empédocle est aussi le précurseur de la théorie atomiste.

            Quant à Anaxagore, il est en désaccord avec Empédocle : pour expliquer le monde les quatre éléments ne sont pas suffisants. Il suppose l’existence du même nombre d’éléments que de matières fondamentales.

Il nous faut ajouter que ce philosophe comprend par élément exactement la même chose que le chimiste actuel. Selon lui, tous les éléments se présentent mélangés bien que le produit du mélange s’appelle comme l’élément qui est dominant chaque fois. Il y a seulement un élément qui ne se présente pas mélangé : l’esprit (Anaxagore l’appelle nous), qui connait et déplace tout et qui est en même temps la pensée qui réglemente le cosmos et le conduit à l’unité.

            En ce qui concerne la structure de l’univers, Anaxagore affirme qu’il est constitué d’homéoméries ou particules semblables qui sont les origines de toutes les choses de ce monde et qui se produisent par agrégation d’homéoméries et se détruisent par dispersion.

Finalement, le plus important des philosophes présocratiques, Démocrite. Il fut mathématicien, naturaliste, astronome et linguiste. Sa contribution à la philosophie est l’atomisme. Son explication du monde est la suivante : tous les êtres réels ont un nombre infini de particules très petites qui ne sont ni visibles ni divisibles qu’il a appelé atome (en grec, ce qui ne peut pas se diviser). Ces particules sont aussi éternelles, non changeantes et indestructibles, toutes égales. Les différents corps se forment en fonction du nombre d’atomes qui les composent. Grâce à cela, il suffit un seul élément pour expliquer la nature.

            Démocrite affirme aussi l’existence du vide (de l’espace vide) qu’il considère réel comme les atomes. En fait, le vide rend possible le mouvement et la vie.

On connait Démocrite sous le nom de Philosophe du Rire car il propose l’euthymía (le bien-être de l’âme) pour maintenir l’âme dans la joie permanente. Il est aussi le créateur du premier système philosophique complet, qui contient tous les sens de la vie : le monde, l’âme, les dieux et l’éthique.

Tous ces penseurs dont nous avons parlé, on les appelle présocratiques même si quelques-uns d’entre eux sont des contemporains de Socrate et même de Platon, comme dans le cas de Démocrite. Néanmoins son idée sur la Philosophie les rend plus proches des écoles anciennes que des penseurs du IVème siècle.

Nous avons parlé d’un groupe de philosophes qu’on ne doit pas faire devenir un mythe, ni la société dans laquelle ils ont vécu mais si nous tenons  compte que ce que nous avons reçu d’eux est, dans la majorité des cas, ou bien des fragments isolés, ou bien le résultat de leurs polémiques avec d’autres auteurs, ou bien l’explication de leurs systèmes données par un tiers, il nous sera très facile de les considérer comme des personnes admirables, puisque comme ils ont toujours dépassé cette course d’obstacles, ils continuent de nous sembler grands.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

ARISTÓTELES: Política. Biblioteca de la Universidad Central de Venezuela. Caracas 1982.

FARRINGTON, Benjamín: Ciencia y política en el mundo antiguo. Editorial Ayuso. Madrid, 1979.

FRAZER, J. G.: La rama dorada. Fondo de Cultura Económica. Madrid, 1986.

GRIMAL, Pierre: Diccionario de mitología griega y romana. Paidós. Barcelona, 1989.

JAEGER, Werner: La teología de los primeros filósofos griegos. Fondo de Cultura Económica. México, 1977.

PLATÓN: Teeteto. Gredos. Madrid, 1983.

RUSSELL, Bertrand: Historia de la Filosofía occidental. Espasa Calpe. Madrid, 1982.

 

 

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